dimanche 25 janvier 2009

"Il y a plusieurs manières de résoudre un problème. Tenter d'y apporter une solution en est une. La rendre non visible en est une autre. Illustration: la chasse aux sans-papiers trop souvent médiatisée. Premier conseil: ne pas arrêter les enfants en pleine école. Cela choque. préférer l'interpellation au domicile. Bien sûr, il y en a qui, terrorisés, sautent par la fenêtre. Mais que voulez-vous, cela fait partie des dommages collatéraux. Second conseil: ne pas bâilloner la personne expulsée hurlante ou s'asseoir sur elle quand ele se débat au milieu des passagers d'un avion. Cela fait désordre, surtout quand certains en meurent d'une crise cardiaque. Mieux vaut la faire monter avant l'embarquement, utiliser de la bande velpeau pour la transformer en momie et exercer une compression sur un point du cou, permettant ainsi de couper l'irrigation de son cerveau et le rendre sans voix. Troisième conseil: ne pas laisser croire à l'opinion publique qu'elle pourrait s'élever contre de telles atteintes aux droits de l'homme. Trainer en justice les témoins qui osent protester et les faire condamner pour outrage. Encore un conseil: mettre un terme au monopole de l'intervention de la CIMADE dans les centres de rétention. Eparpiller cette tâche pour éviter toute vision d'ensemble et exiger dans l'appel d'offres la neutralité et la confidentialité.
P.S.: tout faire pour mettre au pas le tribunal administratif quand celui-ci annule de telles exigences."
Jacques Trémintin

Lu dans "Lien Social" n°911 du 8 janvier 2009

lundi 12 janvier 2009

Info ?

Il fait froid, très froid. En allant travailler, eh oui, j'ai un métier, je suis amené à prendre ma voiture. Donc en allant travailler en voiture je prend la route qui traverse la plaine. Le soleil commence à se lever et je peux admirer le dégradé de couleurs allant du rouge vers le bleu.
Sublime!
Ce rouge foncé se transformant en orange puis jaune avant de devenir bleu clair afin d'arriver au bleu nuit où quelques étoiles continuent de scintiller me donne envie d'arrêter là.
Mais bon, il ne s'agirait pas d'arriver en retard, enfin pas de trop.
En arrivant dans la vallée, j'aperçois sur le versant opposé, le château émergeant d'une nappe de fumée bleue accompagnées de l'odeur caractéristique du feu dans la cheminée. Le village commence à vivre.
Nouvelle envie de stopper mais bon, si l'on agissait uniquement selon ses envies, ce serait l'anarchie!
De retour à la maison, après avoir mangé, j'allume la télé, histoire de faire une petite sieste digestive.
Il est 13 heures je vais donc m'informer. Sur france 2, de la neige, sur l'écran je précise. Donc vu le nombre restreint de chaine que je capte, et c'est bien suffisant, je me rabat, une fois n'est pas coutume, sur TF1.
Au lieu de dormir comme d'habitude, je ne sais pas ce qui m'a pris, sans doute trop de café, j'ai regardé.
Premier quart d'heure, J-P Pernod, qui a du en abuser, nous fais faire le tour de France des intempéries. A Marseille, le vieux port est sous la neige! Il est vrai que cela semble assez rare pour être souligné. D'ailleurs, il y a aussi de la neige à Toulouse et à Bordeaux. Des personnes sont interrogées pour nous résumer que finalement c'est un temps de saison, nous sommes en hiver n'est-ce pas? C'est normal qu'il fasse froid. D'ailleurs dans le nord le thermomètre à chuté jusqu'à moins 21°! J'espère qu'il a pu se relever.
Ensuite, n'oublions pas c'est le journal de 13 heures, JPP nous parle de l'incursion israélienne dans la bande de Gaza. Eh oui, il y a des morts! C'est logique, c'est une guerre!
Vient enfin un point sur la météo. Le théo on s'en fout!
Pour finir, un reportage sur la culture des huitres perlières dans l'archipel des Tuamotu. Cela ne remplace pas le radiateur mais cela réchauffe de voir des personnes en tee shirt en plein mois de janvier!
Bref, ce sont les informations; Ah oui, j'oubliais," le CAC 40 a encore baissé comme toutes les bourses européennes".
Pas un mot sur les personnes qui dorment dans la rue ou sous des tentes au bois de Vincennes. A croire qu'il n'y a plus de mort de froid depuis qu'il gèle!
En fait, les "informations" me montrent ce que je vois, le côté idyllique de la saison, mais ne m'informent en rien de ce que je ne peux voir de ma voiture en allant travailler.
J'ai une maison, un boulot, une voiture pour m'y rendre et JPP me dit que le temps est un temps de saison!
Finalement, tout va bien

samedi 3 janvier 2009

Le drapeau

Ils sont quinze cent mille qui sont morts pour cette saloperie-là
Quinze cent mille dans mon pays, quinze millions dans tous les pays.
Quinze cent mille morts, mon dieu!
Quinze cent mille hommes morts pour cette saloperie tricolore...
Quinze cent mille morts dont chacun avait une mère, une maîtresse,
Des enfants, une maison, une vie, un espoir, un coeur...
Qu'est ce que c'est que cette loque pour laquelle ils sont morts?
Quinze cent mille morts, mon dieu!
Quinze cent mille morts pour cette saloperie.
Quinze cent mille éventrés, déchiquetés,
Anéantis dans le fumier d'un champ de bataille,
Quinze cent mille que nous ne reverront plus JAMAIS,
Que leurs amours ne reverront plus JAMAIS.
Quinze cent mille pourris dans quelque cimetière
Sans planches et sans prières...
Est-ce que vous ne voyez pas comme ils étaient beaux, résolus, heureux
De vivre, comme leurs regards brillaient, comme leurs femmes les aimaient?
Ils ne sont plus que de la pourriture...
Pour cette immonde petite guenille!
Terrible morceau de drap coulé à ta hampe, je te hais férocement,
Oui, je te hais dans l'âme, je te hais pour toutes les misères que tu représentes
Pour le sang frais, le sang humain aux odeurs âpres qui gicle sous tes plis.
Je te hais au nom des squelettes... Ils étaient quinze cent mille.
Je te hais pour tous ceux qui te saluent,
Je te hais à cause des peigne-culs, des couillons, des putains,
Qui traînent dans la boue leur chapeau devant ton ombre,
Je hais en toi toute la vieille oppression séculaire, le dieu bestial,
Le défi aux hommes que nous ne savons pas être.
Je hais tes sales couleurs, le rouge de leur sang, le sang bleu que tu voles au ciel,
Le blanc livide de tes remords.

Laisse-moi ignoble symbole, pleurer tout seul, pleurer à grand coup
Les quinze cent mille jeunes hommes qui sont morts.
Et n'oublie pas, malgré tes généraux, ton fer doré et tes victoires,
Que tu es pour moi de la race vile des torche-culs.

Jean Zay était ministre de l'Education et des Beaux Arts dans le gouvernement Blum de front populaire.
Il a écrit ce texte en 1924.